vendredi 26 janvier 2018

HYDRO-QUÉBEC ET LE MASSACHUSSETTS.


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Hydro-Québec dira qu'elle fait des profits sur la base du coût moyen de production de toutes ses centrales soit 2,2 cents le kWh. On ira même plus loin en disant que le coût d'opportunité est moins de 2 cents le kWh et que dans ces conditions il devient très intéressant de vendre de l'électricité aux Américains.

La conférence de presse du PDG Éric Martel le vendredi 26 janvier est restée relativement muette sur les profits qui pourraient être générés par ces exportations, si l'on tient compte des dernières centrales construites par Hydro-Québec.

Mais que faire? Les barrages débordent. Selon les derniers chiffres il y avait 142 TWh d'énergie disponible derrière les barrages; c'est pratiquement deux fois plus que la moyenne à cette époque de l'année. 

Cela étant dit, quel a été le prix pour  la construction des 4 centrales de La Romaine? Environ 6,5 cents le kWh selon les derniers chiffres. À l'origine lorsque le projet fut annoncé c'était plus de 9 cents le kWh. C'est  là, la vraie question pour démontrer si avec ce contrat on vend en-dessous du prix de revient des dernières centrales construites en trop et dont on avait pas besoin.

Ce n'est pas la prudence qui a inspiré le couple Charest-Vandal.

En 2009 on savait beaucoup de choses en matière d'énergie qui auraient dû normalement empêcher Hydro-Québec de construire le projet de La Romaine sur la Côte Nord. D'abord sur le marché domestique, l'industrie des pâtes et papier traversait une crise majeure. Les fermetures d'usine et les arrêts de production représentaient 8 TWh sur une base annuelle; c'est énorme sur une production  de moins de 200 TWh.

Deuxièmement des contrats d'énergie éolienne avaient été accordés aux investisseurs pour environ 3000 MW. Tout ça était en construction, tout ça allait éventuellement alimenté l'offre globale de l'électricité au Québec. Troisièmement, les prix de vente  sur les marchés d'exportation aux Etats-Unis s'étaient effondrés. Enfin, les gisements de gaz de schiste, entraient en production dans toute l'Amérique du Nord, notamment en Pennsylvanie. Soudainement les centrales au gaz pour produire de l'électricité devenaient plus compétitives et les Américains ont maintenant des réserves prouvées pour plus de 100 ans.

Malgré, tous ces facteurs qui auraient dû inciter Hydro-Québec à se montrer très prudente avant d'investir dans de nouvelles centrales, le tandem Charest-Vandal décida d'aller de l'avant avec le projet de La Romaine.

On est maintenant rattrapé 

On a vendu l'an dernier à 4,6 cents le kWh aux marchés d'exportation. Rien à faire avec les prix obtenus sur les marchés américains avant 2009, qui ont même atteint leur sommet de 9,40 cents le kWh pour l’année 2005. Hydro-Québec vendait alors 3 et 4 fois moins d’énergie qu’aujourd’hui, soit 8,3 TWh. Mais les prix étaient deux fois plus élevés. Jusqu’en 2008, les prix se sont maintenus à 8,45 cents le kWh en moyenne, malgré une hausse de 13,7 TWh d’énergie vendue sur le marché à court terme

Inimaginables aujourd'hui! Or le coût de construction des nouvelles centrales construites depuis 2009, toujours selon les derniers chiffres rendus publics, est d'environ 6,5 cents le kWh. 

Et voilà que la concurrence sur le marché de la Nouvelle-Angleterre, de l'État de New-York et du Massachussetts, puisque c'est de cela dont on parle ici, est revigorée non seulement par les nouveaux gisements de gaz de schiste mais par la performance des parcs éoliens offshore qui seront construits sur la côte Atlantique  du Massachussetts. Évidemment pour l'offshore ce n'est pas tellement le prix, sans doute plus de 12 cents le kWh (donc beaucoup plus élevé que l'éolien terrestre) mais le fait qu'il s'agit d'une énergie propre produite sur la côte Atlantique du Massachussetts.

Une des questions qu'il faudrait poser à HQ, est quel sera le prix à Boston (la grande ville) incluant le coût du transport. Ce dernier pourrait être de l'ordre de 3 cents le kWh. Donc si on vend 9 cents à Boston, il en resterait 6 cents à HQ. Une autre façon de poser la question, est de se demander quel sera le prix vendu à la frontière américaine. 4 cents, 5 cents, 6 cents, 7 cents, 8 cents (pour les très optimistes!). Deuxième questions, quel sera la formule d'indexation de cette électricité, et quels seront la paramètres de cette indexation?

À terme l'offre d'Hydro-Québec représentera 17% de la consommation du Massachussetts, environ 1,000,000 de foyers, ce n'est pas rien. La contribution des parcs éoliens offshore sera de 23% de cette consommation domestique. Donc au total, les deux énergies renouvelable représenteront 40% de la consommation du Massachussetts. La concurrence du gaz, sur le marché spot (les autres lignes d'interconnection avec la Nouvelle-Angleterre)  sera longue même si notre énergie est renouvelable et bien perçue par les autorités du Massachussetts. Mais si HQ a pu obtenir un prix stable pour une livraison de près de 10 TWh à longueur d'année, ce pourrait être formidable.

Un contrat à risque. 

On a pas les détails du contrat, les aura-t-on un jour? Il semble que ce sera à la fin de mars une fois le contrat signé. Est-ce que ce contrat couvrira les frais des dernières centrales de la Romaine?  Autrement dit est-ce que nous allons perdre de l'argent avec ces centrales annoncées dans les conditions que l'on sait et que nous avons décrites plus haut? N'oublions pas, il s'agit d'un contrat de 20 ans! Encore une fois, ce contrat est-il indexé et partir de quel prix?

Pour l'instance, il est difficile de déterminer si c'est vraiment un contrat à risque pour Hydro-Québec. Si seulement il devait couvrir le coût de construction des 4 centrales de La Romaine, ce serait une avancée remarquable dans le contexte énergétique actuel.

Par ailleurs HQ exporte actuellement environ 34 TWh par année. Nous savons d'expérience que seul le premier 10 TWh est réellement rentable. Quel sera l'effet de l'arrivée d'une nouvelle ligne sur les prix du marché spot tel que nous le connaissons actuellement. Pourra-t-on parler d'un cannibalisme d'une source par rapport à une autre? Et faudra-t-il s'attendre à ce que les profits qu'on faisait avec les anciennes interconnections soient maintenant puissent être maintenus malgré l'arrivée de toute cette nouvelle énergie? Autrement dit le 10 TWh avec lequel Hydro-Québec fait de l'argent actuellement sera-t-il mis à risque par le 9,5 TWh qui sera désormais livré avec la Northern Pass?

 En tout vendredi 26 janvier 2018, on ne parlait que de revenus, jamais de profits. La confidentialité était à l'ordre du jour.

Il faut payer l'hypothèque. 

De toute manière, il faut payer l'hypothèque quelque soit le prix. Pour l'instant les Québécois contribuables et les 4 millions d'abonnés d'Hydro-Québec n'ont-ils pas droit à plus de  transparence! Il faudra attendre à la fin mars après la signature officielle du contrat. 

En conférence de presse, le PDG Éric Martel a déclaré, que ce contrat permettrait à Hydro-Québec de maintenir ses augmentations de tarifs en deça de l'inflation. La réalité c'est qu'HQ vend aujourd'hui plus cher son électricité aux Québécois pour chauffer leurs maisons que les compagnies de gaz naturel. La réalité c'est que la Régie de l'énergie après s'être égarée avec des trop-perçus de 1,2G$ qui ont été surfacturés aux Québécois, surveille aujourd'hui plus que jamais, les prétentions et les prévisions d'HQ. Au dernières nouvelles, la société d'État ne déclare plus de trop-perçus; elle est même en déficit! Hydro-Québec l'a bien compris, si les tarifs augmentent au-dessus de l'inflation; on metterait en danger même l'avenir de la société d'état qui perdrait de plus en plus des parts de marché au profit du gaz naturel.

Autrement dit ce n'est pas pour nos beaux yeux, si les tarifs d'électricité augmentent maintenant au rythme de l'inflation. Lorsque je travaillais pour Québécor j'ai été le seul à démontrer cela; les nouveaux projets de développement, quand c'est possible, se font désormais avec le gaz naturel de plus en plus compétitif. Pour les constructeurs cela devient un argument de vente, même si les systèmes de gaz naturel coûtent plus cher que des plinthes électriques!

Deux à trois fois moins qu'avant 2008.

En 2008 on vendait à plus de 7, 8 ou 9 cents le kWh. Aujourd'hui on vend de plus grandes quantités, mais à des prix environ 2 à trois fois inférieurs en moyenne à ceux d'avant 2009. Le modèle d'affaires de la société d'État a  été déboulonné par le marché. De cela on ne parle jamais mais on continue à faire comme si la rien ne s'était passé. Il suffisait d'écouter la conférence de presse vendredi le 26 janvier du ministre Pierre Moreau et du PDG Éric Martel. 

Dans les années 90 et au début des années 2000 on aurait jamais imaginé une négociation avec les Américains sans prix fixe et indexé. Comme moi et d'autres le disent depuis plusieurs années, il faut bien payer l'hypothèque. De toute façon on a plus la capacité de retenir l'eau qui tombe abondammment en amont et derrière nos barrages. Cet automne pour la première fois de l'histoire on a été forcé d'ouvrir les évacuateurs de crues à la Manic et sur la Bersimis. On ne trouvait plus d'acheteurs....même aux États-Unis. C'est tout dire de la situation catastrophique dans laquelle se trouve HQ. On a trop construit, on a trop hypothéqué, la demande n'est plus là. Par exemple, la grande industrie québécoise qui achetait plus de 40% de l'électricité il y a quelques années, n'en n'achète plus que 30%. Le reste c'est nous et les exportations.

Reste que l'ajout d'une ligne de transport de cette importance, permettra  à Hydro-Québec de vendre encore plus d'électricité aux heures de pointe les plus payantes. Avec les interconnexions actuelles, la Commission sur les Enjeux énergétiques du Québec avait estimé il y a quelques années, que seulement 10 des 30 TWh étaient vraiment rentables.  

Enfin en vendant cette électricité aux Américains on leur donne la capacité  de mieux concurrencer nos propres PME à qui on vend cette électricité (je ne parle pas des alumineries) à un prix supérieur aux Américains. Depuis quelques années, les producteurs de tomates, les centres de ski ont réclamé des rabais de tarifs alors qu'on ne sait plus quoi faire des surplus. 

L'important à retenir c'est qu'HQ a maintenant l'opportunité de vendre deux fois plus d'électricité (environ 20 TWh) aux heures les plus payantes grâce à la construction de cette nouvelle ligne. C'est énorme. En fait on prévoit d'après les chiffres dévoilés vendredi, que celle ligne sera occupée à plus de 95%, à longueur d'année. Pour Hydro-Québec cela sonne en espèces sonnantes et trébuchantes. 

1 commentaire:

  1. Il faudrait parler de l'énergie patrimoniale pré 2000 à 3¢ et l'énergie post patrimoniale plus couteuse; les 30 TWh à 10 ¢ produit annuellement depuis l'an 2000.
    pour constater que les clients québécois subventionnent ces exportations qui vont être vendues aux client de Boston à 25 ¢ pour le dumping camouflé qu'on fait au Mass .

    Pendant ce temps les québécois selon le décret du PLQ doivent payer à grand frais en priorité annuelle toute l'énergie post patrimoniale ou le PLQ a accordé 12 ¢ du KWh pour de l'énergie éolienne qui vaut 6,5 ¢ et pour de l'hydroélectrique à 9 ¢ et des couts de transport à 3¢ .

    Mais tant qu'on déverse c'est payant mais le jour où il n'a aura pas de surplus on devra indexé les tarifs de productions.
    On doit cependant souligné que es clients résidentiel et ICI québécois consomment à 25 Kv alors que les exportations et les ventes au grands consommateurs se font à plus de 230 KV et c'est les clients qui paient la réduction et la régulation de tension qui vaut 3 ¢ du KWh .

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